Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/324

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nous disposons pour l’avenir : quand une personne jeune ou vieille vient à mourir, et qu’il s’agit d’assister à son service funèbre, les habitants du lieu seront tenus par esprit de dévotion et de charité d’aller à l’église et de prier Dieu pour le repos de l’âme du trépassé ; à l’issue du service chacun devra retourner chez soi et à son travail. S’il arrivait que les héritiers du défunt fissent préparer un repas pour les prêtres, soit chez eux, soit à l’auberge, il leur sera permis d’admettre à la même table six convives de leur choix et de leur servir un repas qui ne dépassera pas le nombre de quatre plats. Après le repas, qui ne pourra durer plus d’une heure et demie, chacun devra retourner chez soi. Celui qui invitera plus de six personnes à ces repas, paiera par chaque personne en sus, à la seigneurie, une livre, et à l’église cinq schillings. S’il arrivait, comme cela a eu lieu jusqu’ici, que toute la commune fût réunie, il ne devrait être fait aucune dépense sur les fonds communaux, et les héritiers du défunt ne devraient y contribuer pour rien, à peine d’une amende de cinq livres à payer par la commune, et d’une livre et dix schillings à payer par les héritiers s’ils y ont contribué[1]. »

Les festins funéraires se sont conservés dans nos campagnes, et jusqu’à présent il n’y a nulle apparence qu’on songe à les extirper des habitudes nationales. Un observateur de notre temps a fait ce tableau des repas d’enterrement en usage dans le Kochersberg :

« De même qu’aux noces, la vaste parenté se réunit après la mort d’un membre de la famille pour lui rendre les derniers devoirs ; elle est convoquée souvent de loin à la ronde ; les uns arrivent à pied, les autres en voiture, et la maison mortuaire s’emplit d’hommes et de femmes, tous habillés de noir. Des témoignages de condoléance, des plaintes, des pleurs se succèdent ; le cortège funèbre se dirige en priant à l’église et au cimetière, et quand la bénédiction est prononcée sur le défunt,

  1. Goutzwiller, Esquisses historiques du comté de Ferrette, p. 78.