Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/64

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religieuses, aux neuvième et dixième siècles, que les donateurs ont toujours soin de comprendre la pêche (piscationes, captationem piscium) au nombre des droits concédés.

Le règlement des pêcheurs de Strasbourg prohibait la pêche depuis le 1er mars jusqu’à l’Assomption ; deux autres ordonnances de 1530 et de 1558 établissaient les mesures de police à observer dans la pêche sur l’Ill. Les pêcheurs de Strasbourg avaient le droit d’exercer leur industrie sur les deux rives du Rhin et de parcourir tout le cours de ce fleuve[1]. Ils constituaient une tribu ou corporation spéciale ; leur nombre s’élevait, en 1789, à 96, sans compter les veuves et les compagnons. Colmar avait aussi, anciennement, sa tribu de pêcheurs ; mais lors de la réduction qui fut faite, en 1521, du nombre des tribus, elle fut supprimée et ses éléments réunis à une autre corporation[2]. À Ensisheim, siège de la régence autrichienne, le règlement de 1590 n’accordait le droit de pêche que pendant trois jours de la semaine et à un seul individu par ménage. En 1607, ces jours furent fixés aux mercredis, vendredis et samedis, et il fut interdit d’aller à la pêche par troupes, de se servir de planches ou de fagots, et d’employer des lignes trop longues[3]. Les habitants de Saint-Dié avaient, dès le treizième siècle, la faculté de pêcher dans toutes les rivières du val, les mêmes jours, et tous les jours maigres sans exception, et la coutume avait ajouté à ce droit cette disposition touchante « que chacun dont la femme était en couche pouvait librement pêcher durant tout le temps de sa maladie[4] ». — Personne ne pouvait pêcher, sans la permission de l’abbé de Munster, dans les rivières de la vallée, à l’exception des personnes censables, qui étaient tenues de donner au pêcheur attitré de l’abbé tous les bons poissons qu’elles prenaient. Les

  1. Heitz, Zunftwesen in Strassburg, p. 71.
  2. Hunkler, Gesch. der Stadt Colmar, p. 83.
  3. Merklen, Hist. d’Ensisheim, II, p. 153.
  4. Gravier, Hist. de Saint-Dié, p. 148.