Aller au contenu

Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autres habitants pouvaient prendre quelques poissons blancs, à la main, et non autrement[1]. Les habitants d’Ohnenheim s’étaient soumis, au treizième siècle, à payer à l’abbesse d’Eschau 5 sols d’amende pour chacun des gens de leur commune qui serait trouvé pêchant dans les eaux de l’abbaye[2]. — Ces exemples suffisent pour attester que de tout temps la pêche a été l’objet de statuts administratifs, rédigés ou traditionnels. Si l’on en pouvait douter, l’on n’aurait qu’à se reporter à la charte insurrectionnelle des paysans, qui proclamait, en 1525, la liberté absolue de toutes les eaux[3].

Nos anciens historiens constatent la richesse des rivières d’Alsace. Au commencement du treizième siècle, l’on comptait 1.500 pêcheurs sur le parcours de l’Ill[4]. Jérôme Gebwiler ne dédaignait pas de remarquer, au commencement du seizième siècle, que Strasbourg était particulièrement renommé pour l’abondance et la diversité des poissons qui s’y vendaient[5]. Élisée Rœsslin, médecin du comte de Hanau, dit que « nos rivières fournissent avec profusion des poissons de toute sorte[6] ». Dans une épître laudative, en vers latins, qui se trouve en tête de la chronique de Bernard Herzog, on lit ce vers :


… varios amnes numeroso pisce natatos[7].


{{g|Léonard Baldner, le célèbre pêcheur-écrivain de Strasbourg, qui vivait au milieu du dix-septième siècle, ne compte pas moins de

  1. Transaction de 1339 entre l’abbé de Munster et l’abbesse de Remiremont. Revue d’Alsace, 1851, p. 51.
  2. Trouillat, Monum. de l’évêché de Bâle, II, p. 722.
  3. Art. 5. Fischen, jagen, vögeln,… solten frey sein und nicht den Fürsten und Herrschaften allein zustehen. Raspieler, 2e Mémoire pour Strasbourg contre Barr, p. 79.
  4. Chron. des Domin. de Colmar, édition de 1854, p. 229.
  5. Gebwiler, Panegyris Carolina, p. 28.
  6. Rœsslin, Wasgauische Gebirg, p. 2.
  7. Herzog, Edelsäss. Chronick, Strasb., 1592, p. 2, pièces liminaires.