Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

45 espèces de poissons en Alsace[1]. Un Français, Fresquet, qui a visité le Bas-Rhin en 1799, paraît avoir été tellement frappé de l’opulence du marché de Strasbourg, qu’il calcule que, sans cette ressource alimentaire, le Bas-Rhin consommerait un sixième de viande en plus[2]. Mais cet état de choses était bien changé déjà en 1807, car Friese se plaint amèrement de la dépopulation de nos rivières, du défaut de mesures de police pour la conservation et la reproduction du poisson, et des abus de toute espèce qui se commettaient dans nos eaux[3].}}

Les espèces principales indigènes et familières à nos rivières de la plaine étaient la carpe, le brochet, la perche, la rosse, le nase, le meunier, le gardon, le barbeau, la tanche, la lotte, le goujon, la brême, l’ablette, le véron, le chabot, l’anguille. Dans la montagne régnaient la truite et l’ombre. Cependant la truite habitait aussi quelques-unes de nos rivières de la plaine, notamment l’Ill, dans laquelle elle se pêche encore aujourd’hui jusqu’au-dessous d’Illhæusern. Le Rhin fournissait, outre les espèces propres au pays, quelques espèces voyageuses, telles que l’esturgeon, le saumon, l’alose, la lamproie, le saumoneau. Les lacs des montagnes abondaient en truites ; on trouvait aussi dans quelques-uns la perche (lac Blanc), l’anguille (lac Noir[4]) et le brochet (lac Noir). Le guide qui accompagnait Engelhardt aux lacs lui signalait dans le lac Blanc un poisson qu’il appelait herlin[5]. Engelhardt, trompé par l’analogie de ce mot avec le mot allemand hierling (jeune brochet), en conclut que ce lac nourrit des brochets. C’est une erreur. Le mot patois hurlin désigne la perche.

Quelques détails pourront donner une idée de l’abondance générale

  1. La Bibliothèque de Strasbourg possédait le Grosse Fischbuch manuscrit de Baldner, avec figures coloriées. Le médecin Maugue, dont j’ai parlé, dit que ce livre lui a beaucoup servi pour son Histoire naturelle d’Alsace.
  2. Fresquet, Voyage dans le Bas-Rhin, p. 71.
  3. Friese, Oekonom. Naturgesch. des Nieder-Rheins, p. 95.
  4. Graffenauer, Minéral. alsac., p. 17.
  5. Engelhardt, Wanderungen in den Vogesen, p. 97.