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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/134

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Voici comment je suis arrivé à connaître cette particularité, qui, selon moi, prouve que la gazelle est le plus timide et le plus craintif des animaux de la création.

En parcourant les crêtes d’une montagne connue dans le cercle de Constantine sous le nom de Zerazer, je rencontrai sur un point culminant et découvert une quantité considérable de fumées et un grand nombre de chambres de gazelles.

Connue cette demeure me parut fréquentée depuis longtemps et vidée depuis peu, je pensai que ces dames avaient été dérangées par une bête ou un brait quelconque ; ayant trouvé à trois ou quatre cents mètres de là un rocher qui dominait le pays, je m’y installai pour y passer la nuit et suivre les rugissements du lion qui m’avait été signalé.

Le soir, au moment où le soleil allait disparaître à l’horizon, j’aperçus un troupeau de gazelles marchant à la file et se dirigeant vers la demeure que j’avais reconnue.

Je les comptai, elles étaient six, dont un seul mâle, qui tenait la tête. Le chef de ce petit sérail arriva droit aux chambres dont j’ai parlé, gratta le sol deux ou trois fois, puis se mit à genoux et se coucha. Un moment après, tout le troupeau était couché autour de son chef.