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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/52

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Avant de les envoyer au poste d’observation que je devais leur désigner quand je voudrais être seul, je laissai le conseil s’ouvrir et les vieillards prendre la parole, comme si nous eussions dû agir de concert.

La discussion fut longue et surtout très-bruyante ; les anciens optaient pour que je marchasse le premier à deux ou trois pas avant de la troupe formée sur un seul rang et coude à coude ; les jeunes gens indignés de cette proposition, voulaient marcher en tête, me plaçant entre eux et les anciens, qui auraient formé une troupe de réserve en cas que les lions fissent une trouée dans la première.

Je laissai la discussion s’échauffer pour voir quelle serait la conclusion. Pendant qu’un jeune homme se levait pour montrer son bras et sa jambe déchirés par les griffes d’un lion qu’il n’avait pas tué, un autre le dominait de la voix et du geste, et lui disait qu’il ne montrait là que des égratignures tandis que lui, ferait voir à l’assemblée bien autre chose.

Pendant que le pauvre diable, tout honteux, tout ahuri, tournait et retournait au milieu du cercle sans pouvoir en sortir, je remarquai près de moi un vieillard et un jeune homme de quinze à seize ans, qui seuls ne prenait point part à la joie de la réunion et parlaient avec vivacité.