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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/53

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Au premier mot que je pus saisir de leur conversation, je compris que c’étaient le père et le fils.

— Mon enfant, disait le père, tu sais bien que je n’ai plus que toi de garçon, que je me fais vieux, et que, s’il t’arrivait malheur, j’en mourrais de chagrin.

— Ne suis-je donc pas un homme ? répliqua l’enfant.

— Oui, tu es un homme, répondit le père en souriant, et je suis fier de toi, mon sang ! Mais ton frère aussi était un homme, et cependant il s’est fait tuer l’année dernière, ici, dans cette montagne, et j’étais là, moi, son père, à côté de lui, et je n’ai rien pu pour le sauver ! Le lion est terrible, mon enfant, terrible quand il charge : l’œil de l’homme se trouble en regardant ses yeux ; sa main tremble parce que le cœur bat trop vite, et le coup, s’il est certain, malgré le trouble de l’œil et du cœur, le coup perce sans tuer, car le lion porte bien des balles !

— Mais, mon père, puisque vous ne vouliez pas que je brûlasse une amorce aujourd’hui, pourquoi avez-vous consenti à m’amener jusqu’à l’assemblée, d’où il est honteux pour moi de me retirer maintenant ?

— Je t’ai permis de venir, d’abord, parce