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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/70

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Algérie la dépouille d’un lion qu’elle avait tué, les administrateurs, ne voyant que la peau de la bête sans savoir ce qu’elle avait coûté à ceux qui l’apportaient, ont donné la prime dérisoire de cinquante francs, allouée, en pareil cas, par l’État, et ont dit aux chasseurs de disposer comme ils l’entendraient de la dépouille offerte.

Alors ceux-ci, blessés de se voir traités en marchands de peaux et appréciant mieux la valeur de leur sang, ont laissé la dépouille à la place où ils l’avaient déposée, et, sans dire un mot, sans faire un geste, il sont rentrés fièrement sous leurs tentes pour mettre les fusils dans leurs fourreaux.

Ce n’est que de loin on loin, et lorsqu’ils ont personnellement beaucoup à souffrir du voisinage d’un lion, que les Ou’ed-Meloul et les Ouled-Cessi se décident à l’attaquer.

Il leur est arrivé plusieurs fois, depuis deux ou trois ans, de venir me chercher à Constantine, et, lorsqu’ils ne me trouvaient pas, de laisser décimer leurs troupeaux pendant un mois entier plutôt que de prendre les armes.

Je n’approuve ni ne blâme ce qu’a fait l’autorité française à l’égard de ces deux fractions ; mais je crois qu’il m’est permis, en écrivant un livre de chasse, de signaler au