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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/131

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JEAN RIVARD

Jean Rivard, le père Landry, Gendreau-le-Plaideux et un autre furent adjoints à monsieur le curé pour l’établissement et l’administration des écoles de Rivardville.

C’était un grand pas de fait ; mais le plus difficile restait encore à faire.

En entrant en fonctions, les commissaires durent rechercher les meilleurs moyens de subvenir à l’entretien des écoles ; après de longues délibérations, ils en vinrent à la conclusion que le seul moyen praticable était d’imposer, comme la loi y avait pourvu, une légère contribution sur chacun des propriétaires de la paroisse, suivant la valeur de ses propriétés.

Cette mesure acheva de monter l’esprit de Gendreau-le-Plaideux, d’autant plus irrité que, n’ayant pas lui-même d’enfant, sa propriété se trouvait ainsi imposée pour faire instruire les enfants des autres.

Les séances des commissaires étaient publiques, et elles attiraient presque toujours un grand concours de personnes.

Celle où fut décidée cette question fut une des plus orageuses.

Jean Rivard eut beau représenter que lui et sa famille possédaient plus de propriétés qu’aucun autre des habitants de Rivardville, et qu’ils seraient taxés en conséquence — que les bienfaits de l’éducation étaient assez importants pour mériter un léger sacrifice de la part de chacun — que les enfants pauvres avaient droit à l’éducation comme ceux des riches — et d’autres raisons également solides, Gendreau ne cessait de crier comme un forcené : on veut nous taxer, on veut nous ruiner à tout jamais pour le seul plaisir de faire vivre des maîtres d’écoles : à bas les