tous des frères et devaient s’aimer les uns les autres, suivant les belles paroles de l’Èvangile.
Jean Rivard approuva hautement la conduite de son ami, et pas un mot de blâme ne fût proféré contre lui.
Disons ici que, en dehors des élections, monsieur le curé Doucet s’occupait assez volontiers de politique et n’hésitait pas à faire connaître son opinion sur toutes les questions de quelque importance qu’il avait suffisamment étudiées, son ambition étant d’éclairer ses paroissiens chaque fois qu’il pouvait le faire sans exciter leurs passions.
Jean Rivard se contenta d’abord d’aller faire visite aux électeurs des principales localités du comté, et de leur exposer, avec autant de clarté que possible, ses opinions sur les questions du jour. Il se proclama indépendant, ne voulant pas s’engager d’avance à voter pour ou contre le gouvernement, sous prétexte qu’il n’était pas assez au fait des raisons qui pouvaient être données de part et d’autre. Tout ce qu’il pouvait promettre, c’était de voter suivant sa conscience.
Notre héros avait donc un grand désavantage sur son adversaire qui, lui, se faisait fort de renverser le gouvernement dès son entrée en chambre, de lui substituer un autre gouvernement plus fort et plus effectif, d’extirper les abus les plus enracinés, d’opérer les réformes les plus importantes, de changer, en un mot, toute la face du pays.
Je ne sais trop ce qui serait advenu de l’élection de Jean Rivard, si, environ une semaine avant les jours de votation, un nouveau personnage n’eût paru sur la scène : c’était Gustave Charmenil. Du mo-