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ÉCONOMISTE

« Chacune de ces vaches, me dit Jean Rivard, donne en moyenne trois gallons de lait par jour. J’ai soin qu’elles aient toujours une nourriture abondante, car les vaches rendent à proportion de ce qu’on leur donne. »

Quelques-unes des vaches étaient couchées à l’ombre d’un grand orme, d’autres buvaient à une source qui coulait près de là.

« J’attache une grande importance à mes vaches, me dit Jean Rivard, car elles sont une des principales sources de la richesse du cultivateur. Je n’ai jamais pu m’expliquer l’indifférence d’un grand nombre d’entre nous pour cet utile quadrupède qu’on pourrait, à si juste titre, appeler l’ami de la famille. Le cheval est en quelque sorte l’enfant gâté du cultivateur ; on ne lui ménage ni le foin ni l’avoine, on l’étrille, on le nettoye tous les jours, tandis que la pauvre vache ne reçoit en hiver qu’une maigre ration de mauvaise paille, manque souvent d’eau, ne respire qu’un air empesté, couche le plus souvent dans son fumier, et porte sa même toilette, sale et crottée, d’un bout de l’année à l’autre. Pour ma part, je tiens à ne pas me rendre coupable d’ingratitude envers cet animal bienfaisant. Je lui prodigue tous mes soins. Lorsque mes vaches sont à l’étable, leur litière est renouvelée chaque jour ; je leur donne fréquemment du foin, et des rations de carottes, betteraves, navets et autres légumes qu’elles affectionnent singulièrement. J’en suis récompensé par le lait qu’elles donnent en retour et par leur état constant de santé. Je n’ai jamais eu la douleur de les faire lever à la fin de l’hiver, ce qui ne peut manquer d’être le cas, lorsqu’elles souffrent de faim ou de soif, ou qu’elles respirent l’air corrompu d’une étable mal aérée.