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JEAN RIVARD

« Quant à mes moutons, qui, comme vous voyez, appartiennent tous à la race South Down, je leur fais brouter les pâturages qu’ont déjà broutés mes autres animaux, car les moutons trouvent leur nourriture partout ; et durant l’hiver, je les enferme dans ma grange. Quoiqu’ils n’y soient pas chaudement, ils ne s’en trouvent pas plus mal ; ils préfèrent le bon air à la chaleur. J’enferme le bélier pendant un certain temps, afin que les agneaux ne viennent au monde que vers les beaux jours du printemps. Il est rare que j’en perde un seul. »

Tout en parlant ainsi, nous marchions toujours et nous arrivions au bord de la forêt.

« Si nous en avions le temps, me dit mon hôte, je vous conduirais à ma sucrerie. J’ai à peu près quinze arpents de forêt, où je trouve tout le bois nécessaire pour le chauffage et les autres besoins de l’exploitation. J’affectionne beaucoup cette partie de ma propriété, et je prends des mesures pour qu’elle n’aille pas se détériorant. Je crois qu’on peut trouver dans ces quinze arpents presque toutes les différentes espèces de bois du Canada.

Quels arbres magnifiques ! m’écriai-je.

— Oui, dit-il, ce sont les plaines, les érables et les merisiers qui dominent, mais il y a aussi des ormes, des hêtres, des bouleaux. Cette talle d’arbres que vous voyez tout-à-fait au bout, et qui s’élève si haut, ce sont des pins. Je n’ai que cela.

Je surveille avec beaucoup de soin la coupe de mon bois. On ne fait pas assez d’attention parmi nous à cette partie de l’économie rurale. Le gouvernement devrait aussi s’occuper plus qu’il ne fait de l’aménagement des forêts. Nos bois constituent une des