rellement trouvé le chef, le directeur, l’organisateur de la nouvelle paroisse de Rivardville. Il lui fallait toute l’énergie de la jeunesse, et le sentiment élevé du devoir pour ne pas reculer devant la responsabilité qu’il assumait sur sa tête.
On se demandera sans doute comment il avait pu s’emparer ainsi du gouvernement presque absolu de sa localité sans exciter des murmures, sans faire naître chez ceux qui l’entouraient, cette jalousie, hélas ! si commune dans tous les pays, qui s’attaque au mérite, et ne peut souffrir de supériorité en aucun genre ? Cette bonne fortune de Jean Rivard s’explique peut-être par le fait qu’il avait commencé, comme les plus humbles colons du canton, par se frayer un chemin dans la forêt et n’avait conquis l’aisance dont il jouissait que par son travail et son industrie. D’ailleurs, ses manières populaires et dépourvues d’affectation, sa politesse, son affabilité constante, la franchise qu’il mettait en toute chose, la libéralité dont il faisait preuve dans ses transactions, sa charité pour les pauvres, son zèle pour tout ce qui concernait le bien d’autrui, un ton de conviction et de sincérité qu’il savait donner à chacune de ses paroles, tout enfin concourait à le faire aimer et estimer de ceux qui l’approchaient. On se sentait involontairement attiré vers lui. À part la petite coterie de Gendreau-le-Plaideux, personne n’avait songé sérieusement à combattre ses propositions.
On ne pouvait non plus l’accuser d’ambition, car chaque fois qu’il s’agissait de conférer un honneur à quelqu’un, Jean Rivard s’effaçait pour le laisser tomber sur la tête d’un autre. Ce ne fut, par exemple, qu’après des instances réitérées, et à la prière des