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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, le défricheur, 1874.djvu/141

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JEAN RIVARD

ton énergie et ta persévérance pour être certain d’avance que tu réussiras même au delà de tes espérances.

Jean Rivard partit de sa cabane et se rendit à Lacasseville où il s’arrêta quelque temps pour y négocier la vente de ses produits, y régler diverses petites affaires et saluer son ami et protecteur M. Lacasse auquel il avait voué dans son cœur une éternelle reconnaissance ; après quoi il se fit conduire en voiture jusqu’aux établissements du bord du fleuve. Rendu là, il loua un canot pour traverser le lac St. Pierre. Notre héros maniait fort bien l’aviron, et ne craignit pas de s’aventurer seul sur les flots. Assis au bout de sa nacelle, il partit en chantant gaiement :


Batelier, dit Lisette,
Je voudrais passer l’eau.


et les autres chansons que lui avait apprises son ami Pierre. L’atmosphère était si parfaitement calme et la surface du lac si tranquille que la traversée se fut en très peu de temps.

Au moment où Jean Rivard débarquait sur la rive nord, le soleil pouvait avoir un quart d’heure de haut ; ses rayons inondaient la plaine et se réflétaient de tous côtés sur les clochers et les toits de fer-blanc. Il voyait à sa droite l’église de Grandpré, et à sa gauche celle de la paroisse voisine, toutes deux s’élevant majestueusement dans la vallée, et dominant les habitations ; elles apparaissaient comme enveloppées dans un nuage d’encens. Les longues suites de maisons, assises l’une à côté de l’autre, quelquefois à double et à triple rang, et remplissant les trois lieues qui séparaient les deux clochers, se