hommes, put tracer et préparer tout le bois nécessaire.
Quand les matériaux furent prêts et qu’il ne fut plus question que de lever, Jean Rivard résolut, suivant la coutume canadienne, d’appeler une corvée.
Le mot « corvée, » d’après tous les dictionnaires de la langue française, s’emploie pour désigner un travail gratuit et forcé qui n’est fait qu’à regret, comme, par exemple, la corvée seigneuriale, les corvées de voirie, etc., regardées partout comme des servitudes. Mais il a dans le langage canadien un sens de plus qui date sans doute des premiers temps de l’établissement du pays.
Dans les paroisses canadiennes, lorsqu’un habitant[1] veut lever une maison, une grange, un bâtiment quelconque exigeant l’emploi d’un grand nombre de bras, il invite ses voisins à lui donner un coup de main. C’est un travail gratuit, mais qui s’accomplit toujours avec plaisir. Ce service d’ailleurs sera rendu tôt ou tard par celui qui le reçoit ; c’est une dette d’honneur, une dette sacrée que personne ne se dispense de payer.
Ces réunions de voisins sont toujours amusantes ; les paroles, les cris, les chants, tout respire la gaîté. Dans ces occasions, les tables sont chargées de mets solides, et avant l’institution de la tempérance le rum de la Jamaïque n’y faisait pas défaut.
Une fois l’œuvre accomplie, on plante sur le faîte de l’édifice, ce qu’on appelle le « bouquet, » c’est-à-dire, quelques branches d’arbre, dans la direction
- ↑ C’est avec intention que je me sers de ce mot qui date aussi des premiers temps de la colonisation de la Nouvelle-France et qui restera dans le langage canadien.