bien-être des individus, et d’appeler sur la classe la plus nombreuse de notre population la haute considération dont elle devrait jouir dans tous les pays. Je n’ai pas besoin de vous répéter tout ce qu’on a dit sur la noblesse et l’utilité de cette profession. Mais consultez un moment les savants qui se sont occupés de rechercher les causes de la prospérité des nations, et vous verrez que tous s’accordent à dire que l’agriculture est la première source d’une richesse durable ; qu’elle offre plus d’avantages que tous les autres emplois ; qu’elle favorise le développement de l’intelligence plus que toute autre industrie ; que c’est elle qui donne naissance aux manufactures de toutes sortes ; enfin qu’elle est la mère de la prospérité nationale, et pour les particuliers la seule occupation réellement indépendante. L’agriculteur qui vit de son travail peut dire avec raison qu’« il ne connait que Dieu pour maître. » Ah ! s’il m’était donné de pouvoir me faire entendre de ces centaines de jeunes gens qui chaque année quittent nos campagnes pour se lancer dans les carrières professionnelles, commerciales, ou industrielles, ou pour aller chercher fortune à l’étranger, je leur dirais : ô jeunes gens, mes amis, pourquoi désertez-vous ? pourquoi quitter nos belles campagnes, nos superbes forêts, notre belle patrie pour aller chercher ailleurs une fortune que vous n’y trouverez pas ? Le commerce, l’industrie vous offrent, dites-vous, des gages plus élevés, mais est-il rien d’aussi solide que la richesse agricole ? Un cultivateur intelligent voit chaque jour augmenter sa richesse, sans craindre de la voir s’écrouler subitement ; il ne vit pas en proie aux soucis dévorants ; sa vie paisible, simple, frugale, lui procure une heureuse vieillesse.
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