dont il avait besoin, se contentant de l’à-compte de quinze louis dont Jean Rivard pouvait disposer pour le moment.
Bref, notre défricheur se trouvait endetté tant envers M. Lacasse qu’envers Arnold d’une somme de trente louis, le tout payable sur la vente de ses produits futurs.
Malgré toute la répugnance que Jean Rivard éprouvait à s’endetter, il se disait cependant que les divers effets achetés par lui étant de première nécessité, on ne pouvait après tout regarder cela comme une dépense imprudente. D’ailleurs M. Lacasse, l’homme sage et prudent par excellence, approuvait sa conduite, cela suffisait pour le rassurer.
Une nouvelle lettre de Gustave Charmenil attendait Jean Rivard au bureau de poste de Lacasseville.
« Toujours gai, toujours badin, même au milieu des plus rudes épreuves, tu es bien l’être le plus heureux que je connaisse. Il est vrai que le travail, un travail quelconque, est une des principales conditions du bonheur ; et lorsque à cela se joint l’espérance d’améliorer, d’embellir chaque jour sa position, le contentement intérieur doit être à peu près complet. Je te trouve heureux, mon cher Jean, d’avoir du travail : n’en a pas qui veut. J’en cherche en vain depuis plusieurs mois, afin d’obtenir les moyens de terminer ma cléricature. J’ai frappé à toutes les