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LE DÉFRICHEUR

truction de Lachance ; mais, avec la meilleure volonté du monde, Jean Rivard ne pouvait accéder à cette demande. Les veillées étaient devenues plus courtes et lorsqu’il trouvait un moment de loisir il l’employait à écrire des notes ou à faire des calculs sur ses opérations journalières.

« L’hiver prochain, répondait-il, les soirées seront longues et si vous êtes encore à mon service, nous ferons d’intéressantes lectures au coin du feu.

— Que vous êtes heureux, mon Empereur, de savoir lire, disait Pierre Gagnon ! Comme ça doit être amusant d’apprendre tout ce qui s’est passé depuis que le monde est monde, de connaître le comportement de la terre, des hommes, des animaux, des arbres, et de savoir jusqu’à la plus petite chose !

— Oh ! si tu savais, mon cher Pierre, combien je suis ignorant, bien que je sache lire ! Sais-tu que, quand même je passerais toute ma vie à lire et à étudier, et que je serais doué d’une intelligence supérieure, je ne connaîtrais point la millionième partie des choses ? Plus j’approfondirais les sciences, plus je serais étonné de mon ignorance. Par exemple, l’étude seule des animaux pourrait occuper plusieurs centaines de vies d’hommes. La mémoire la plus extraordinaire ne pourrait pas même suffire à retenir les noms des animaux mentionnés dans les livres, tandis que le nombre de ceux qui sont encore inconnus, est probablement beaucoup plus considérable. La seule classe des insectes comprend peut-être quatre vingt mille espèces connues, et de nouvelles découvertes se font chaque jour dans les diverses parties du monde. Les oiseaux, les poissons comprennent aussi des milliers d’espèces. Un auteur a