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LE DÉFRICHEUR

agreste demeure, elle retrouvât à Louiseville les fruits et les fleurs qu’elle aimait à Grandpré.

On a vu, il y a un instant, nos défricheurs recueillir soigneusement les cendres du bois consumé dans le cours de leurs travaux. Jean Rivard employa cette cendre dans la fabrication de la potasse.

Il possédait tous les ustensiles nécessaires à cet objet. Mais nous ferons grâce au lecteur de la description des diverses opérations par lesquelles les arbres durent passer avant de devenir potasse, des méthodes adoptées par Jean Rivard pour obtenir la plus grande quantité de cendres possible, des procédés suivis pour leur lessivage, pour l’évaporation des lessives, la fabrication du salin et la transformation du salin en potasse. Contentons-nous de dire que Jean Rivard avait pris le plus grand soin pour que les cendres recueillies fussent pures, et sans mélange ; et comme le bois dont elles provenaient se composait en grande partie d’érable, de chêne, d’orme et autres bois durs, elles étaient d’une excellente qualité, et à la grande surprise de notre défricheur, ses quinze arpents d’abattis lui en rapportèrent plus de neuf cents minots qui ne produisirent pas moins de sept barils de potasse.

Jean Rivard avait établi sa potasserie sur la levée de la rivière qui coulait à une petite distance de sa cabane. Les services de Lachance furent presque exclusivement consacrés à la fabrication de l’alcali. Quoique Jean Rivard eût déjà disposé de ce produit à un prix au-dessous de sa valeur, comme on l’a vu plus haut, cet item ne fut pas de peu d’importance et lui servit à acquitter une partie de ses dettes.

De concert avec Lachance, il prit bientôt des