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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/119

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Julien ne se lassait pas de regarder ces grands travaux accomplis si rapidement par la vapeur, et qui lui faisaient songer aux fées de la mère Gertrude. On parcourut les ateliers de construction où se font chaque année plus de cent locomotives, des quantités considérables de rails, des coques de bateaux à vapeur, des ponts en fer, des engins de toute sorte pour les frégates et les vaisseaux de ligne.


— Voyons maintenant les mines de houille, dit M. Gertal.

— Des mines ? dit Julien. Il y a des mines aussi !

— Oui, mon enfant ; tout le bruit, tout le mouvement que tu vois ici est l’image du bruit et du mouvement qui se font également sous nos pieds dans la vaste mine de houille. Sous la terre où nous marchons, sous cette ville de travail où nous sommes, il y en a une autre non moins active, mais sombre comme la nuit. On y descend par dix puits différents. Viens, nous allons voir l’entrée d’un de ces puits.

Quand André et Julien arrivèrent, c’était le moment où des ouvriers, munis de leurs lampes, allaient descendre dans le souterrain. Julien les vit s’installer dans la cage, au-dessus du grand trou noir, que le jeune garçon regardait avec épouvante. Puis on donna le signal de la descente, une machine à vapeur siffla, et la cage s’enfonça dans le trou avec les mineurs qu’elle portait.

— Est-ce que ce puits est bien profond ? demanda Julien.

— Il a 200 mètres environ, et on le creuse de plus en plus. Tout le long du puits on rencontre des galeries sur lesquelles il donne accès. Cette ville souterraine renferme des rues, des places, des rails où roulent des chariots de charbon que les mineurs ont arraché à coups de pic et de pioche. C’est ce charbon qui alimentera les grands fourneaux que tu as vus, c’est lui qui mettra en mouvement ces machines qui sifflent, tournent et travaillent sans repos. Puis, quand à l’aide de ce charbon on aura fabriqué toutes les choses que tu as vues, on les expédiera par le canal du Centre sur tous les points de la France.

— Oh ! monsieur Gertal, s’écria le petit Julien, je vois que la Bourgogne travaille fameusement, elle aussi ! et je réfléchis en moi-même que, si la France est une grande nation, c’est que dans toutes ses provinces on se donne bien du mal ; c’est à qui fera le plus de besogne.