Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/136

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— Jean-Joseph, moi non plus je n’ai pas de parents.

Jean-Joseph secoua la tête : — Vous avez un grand frère, vous ; mais moi, je n’ai personne du tout.

— Personne ! répéta Julien lentement comme si cela lui paraissait impossible à comprendre. Pauvre Jean-Joseph !

Et les deux enfants se regardèrent en silence. Près d’eux, André debout les observait. Il n’avait pas perdu un mot de leur conversation, et malgré lui le visage triste du petit Jean-Joseph lui serra le cœur : il songea combien son cher Julien était heureux d’avoir un grand frère pour l’aimer et veiller sur lui.

Cependant Julien rompit de nouveau le silence : — Jean-Joseph, dit-il, aimez-vous les histoires ?

— Je crois bien, répondit le jeune vannier ; c’est tout ce qui m’amuse le plus au monde.

Et il jeta un regard d’envie sur le livre de Julien.

— Eh bien, dit Julien, voilà ce que nous allons faire. Je vous lirai une histoire de mon livre ; je lirai tout bas ; cela ne dérangera personne et cela nous amusera tous les deux sans vous faire perdre de temps.

Le visage de Jean-Joseph s’épanouit à son tour en un joyeux sourire : — Oui, oui, lisez, Julien. Quel bonheur ! vous êtes bien aimable de partager avec moi votre récréation.

Julien tout heureux ouvrit son livre.

— Ces histoires-là, dit-il, ce ne sont pas des contes du tout, c’est arrivé pour tout de bon, Jean-Joseph. Ce sont les histoires des hommes illustres de la France ; il y en a eu dans toutes les provinces, car la France est une grande nation ; mais nous lirons l’histoire des hommes célèbres de l’Auvergne, puisque vous êtes né en Auvergne, Jean-Joseph.

— C’est cela, dit Jean-Joseph ; voyons les grands hommes de l’Auvergne.

Julien commença à voix basse, mais distinctement.



LVII. — Les grands hommes de l’Auvergne. — Vercingétorix et l’ancienne Gaule.


Il y a eu parmi nos pères et nos mères dans le passé des hommes et des femmes héroïques ; le récit de ce qu’ils ont fait de grand élève le cœur et excite à les imiter.


La France, notre patrie, était, il y a bien longtemps de cela, presque entièrement couverte de grandes forêts. Il y avait peu de villes, et la moindre ferme de votre village, enfants, eût semblé