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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/19

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Des pensées de découragement lui venaient ; mais André était persévérant : au lieu de se laisser accabler par les difficultés qui se présentaient, il ne songea qu’à les combattre.

Tout à coup il se souvint d’avoir vu dans la chambre du garde forestier une grande carte du département, pendue à la muraille : c’était une de ces belles cartes dessinées par l’état-major de l’armée française, et où se trouvent indiqués jusqu’aux plus petits chemins.

— Je vais toujours l’étudier, se dit André. À quoi me servirait d’avoir été jusqu’à treize ans le meilleur élève de l’école de Phalsbourg, si je ne parvenais à me reconnaître à l’aide d’une carte ? Allons ! du courage ! n’ai-je pas promis à mon père d’en avoir ? Je dois passer la frontière et je la passerai.



VII. — La carte tracée par André. — Comment il tire parti de ce qu’il a appris à l’école.


Quand on apprend quelque chose, on ne sait jamais tout le profit qu’on en pourra retirer un jour.


Le garde Fritz approuva la résolution et la fermeté d’André. — A la bonne heure ! dit-il. Quand on veut être un homme, il faut apprendre à se tirer d’affaire soi-même. Voyons, mon jeune ami, décrochez-moi la carte : si je ne puis marcher, du moins je puis parler. Vous avez si bonne volonté et je connais si bien le pays, que je pourrai vous expliquer votre chemin.

Alors tous deux, penchés sur la carte, étudièrent le pays.

Julien, de son côté, s’était assis sagement auprès d’eux, s’efforçant de retenir ce qu’il pourrait. Le garde parlait, montrant du doigt les routes, les sentiers, les raccourcis, faisant la description minutieuse de tous les détails du chemin. André écoutait ; puis il essaya de répéter les explications ; enfin il dessina lui-même tant bien que mal sa route sur un papier, avec les différents accidents de terrain qui lui serviraient comme de jalons pour s’y reconnaître.

« Ici, écrivait-il, une fontaine ; là, un groupe de hêtres à travers les sapins ; plus loin, un torrent avec le gué pour le franchir, un roc à pic que contourne le sentier, une tour en ruines.»

Enfin rien de ce qui pouvait aider le jeune voyageur ne fut négligé. — Tout ira bien, lui disait Fritz, si vous ne vous hâtez pas trop. Rappelez-vous que, quand on se trompe de chemin dans les bois ou les montagnes, il faut revenir tran-