Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/275

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hommes qui aient gouverné la France, ce fut COLBERT, le fils d’un simple marchand de laines de Reims qui avait pour enseigne un homme vêtu d’un long vêtement de drap avec ces mots : Au long-vêtu. Colbert avait pris dans le commerce des habitudes d’ordre et d’intègre probité, qu’il apporta plus tard dans les affaires publiques. Le cardinal Mazarin dit à son lit de mort à Louis XIV : « Sire, je vous dois beaucoup, mais je crois m’acquitter en quelque sorte avec Votre Majesté en vous donnant Colbert. » Les prévisions de Mazarin ne furent pas trompées, et c’est à Colbert qu’est due pour la plus grande partie la gloire du siècle de Louis XIV.

A cette époque, une foule de gens prenaient dans le trésor public et gaspillaient l’argent de la France. Colbert, par sa fermeté et sa sévérité, réprima tous ces abus. On l’appelait « l’homme de marbre », parce qu’il ne donnait à chacun que ce qui lui était dû, sans se laisser fléchir par les menaces ou par les promesses.

« Sire, écrivait-il au roi, un repas inutile de mille écus me fait une peine incroyable ; et lorsque au contraire il est question de millions d’or pour la Pologne, je vendrais tout mon bien et j’irais à pied pour y fournir, si cela était nécessaire. » Car c’était alors l’époque où les nations qui entouraient la Pologne commençaient à s’en disputer les provinces.

Colbert fit plus que de donner tout son bien pour la France : il lui donna tout son temps, toutes ses forces, toute sa vie. Il travaillait seize heures par jour, soutenu par l’idée qu’il travaillait au bonheur du peuple et à la gloire de la France.

Malheureusement, ce labeur perpétuel ruinait sa santé. En outre les courtisans le haïssaient, car il n’aimait point à leur accorder des faveurs injustes. Le roi Louis XIV finit par méconnaître ses services, et par le disgracier au moment où il allait mourir épuisé par ses travaux.

COLBERT, né à Reims en 1619, mort en 1683. — Il diminua les impôts que payait seul le peuple et augmenta ceux que les nobles payaient. Il encouragea l’agriculture : c’est aussi grâce à lui que l’industrie française se développa, et qu’elle a acquis cette élégance qui la distingue encore au milieu des industries de toutes les nations. En même temps, il améliorait les routes, et fit creuser par Riquet le canal du Midi. Enfin il encouragea les arts et les lettres et attira à Paris les savants, les sculpteurs comme Puget, les peintres, les poètes, les écrivains de tout genre.


Mais Colbert laissait en mourant de grandes œuvres, et le bien qu’il avait fait à la France ne fut point perdu. Maintenant encore, dans l’état florissant où nous sommes, on pourrait retrouver la trace des efforts de Colbert. On comprend à peine comment ce grand