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savent pas lire, il prononçait distinctement les mots d’une voix toujours claire. Quand il trouvait un mot difficile à comprendre, la bonne vieille institutrice, qui n’avait point oublié la profession de ses jeunes années, le lui expliquait rapidement.

Après la lecture elle l’interrogeait sur tout ce qu’il venait de lire, et Julien répondait de son mieux. Le temps passait donc plus vite encore que de coutume. Julien était tout heureux d’employer lui aussi ses soirées à s’instruire et de suivre l’exemple que lui donnait son frère aîné.

— Oh ! dit un jour Julien quand l’heure fut venue de se coucher, c’est une bien belle chose d’avoir toute une bibliothèque où l’on peut emprunter des livres ! Madame Gertrude, nous les lirons tous, n’est-ce pas ?

— Je ne demande pas mieux, répondit en souriant la mère Gertrude. Mais dites-moi, Julien, qui a fait les frais de tous ces livres dont la bibliothèque de l’école est remplie, et à qui devez-vous, en définitive, ce plaisir de la lecture ? Y avez-vous réfléchi ?

— Non, dit l’enfant, je n’y songeais pas.

— Julien, les écoles, les cours d’adultes, les bibliothèques scolaires sont des bienfaits de votre patrie. La France veut que tous ses enfants soient dignes d’elle, et chaque jour elle augmente le nombre de ses écoles et de ses cours, elle fonde de nouvelles bibliothèques, et elle prépare des maîtres savants pour diriger la jeunesse.

— Oh ! dit Julien, j’aime la France de tout mon cœur ! Je voudrais qu’elle fût la première nation du monde.

— Alors, Julien, songez à une chose : c’est que l’honneur de la patrie dépend de ce que valent ses enfants. Appliquez-vous au travail, instruisez-vous, soyez bon et généreux ; que tous les enfants de la France en fassent autant, et notre patrie sera la première de toutes les nations.



XXII. — Le récit d’André. — Les chiffons changés en papier. — Les papeteries des Vosges.


Si vous parcouriez la France, que de merveilles vous admireriez dans l’industrie des hommes, à côté des beautés de la nature !


Les jours où il n’y avait pas de classe d’adultes, André passait la soirée avec son frère et la mère Gertrude. Le temps alors s’écoulait encore plus gaîment que de coutume,