Après déjeuner, on quitta Besançon. Pierrot marchait bon train comme un animal vigoureux et bien soigné. Julien et André regardaient avec grand plaisir le pays montagneux de la Franche-Comté, car ils étaient assis tous les deux à côté du patron sur le devant de la voiture, d’où ils découvraient l’horizon.
A chaque étape du voyage, on déchargeait la voiture, et chacun, suivant ses forces, le patron aussi, allait porter dans les divers magasins les marchandises qu’on avait amenées. Il fallait faire bien des courses fatigantes, et souvent assez tard dans la soirée ; mais le patron était juste : il nourrissait bien les enfants, et on dormait dans de bons lits. Nos deux orphelins étaient si heureux de gagner leur nourriture et leur voyage qu’ils en oubliaient la fatigue.
On s’arrêta à Lons-le-Saulnier et à Salins, qui doivent leurs noms et leur prospérité à leurs puits de sel. Les enfants purent voir en passant ces grands puits d’où on tire sans cesse l’eau salée, pour la faire évaporer dans des chaudières.
En quittant Lons-le-Saulnier, M. Gertal mit le cheval au pas. — Voici une rude journée pour Pierrot, dit-il, car nous allons monter sans cesse. Le village des Rousses, où