escarpés où ils ont remarqué les traces des chamois ; cachés derrière quelque rocher, ils les attendent au passage pendant des heures, tirent dessus, et parfois les poursuivent à la course de rocher en rocher.
— Qu’est-ce que cela mange, les chamois ?
— L’herbe rase des prairies de la montagne. Dans les grandes forêts de sapins, dans les lieux les plus sauvages, il y a d’autres animaux : on rencontre dans les Alpes des ours bruns.
— Des ours ! fit Julien ; oh, oh ! cela ne vaut pas les gentils chamois. Nous en avons pourtant vu un l’autre jour à Lons-le-Saulnier, qui était apprivoisé et qui dansait sur ses pattes de derrière au son de la musique.
— Il avait été pris sans doute encore jeune dans les Alpes. Un autre animal des montagnes, c’est l’aigle ; on peut le voir sur la cime des rochers, voler à son aire. Les aigles se jettent parfois sur les troupeaux, saisissent dans leurs serres les jeunes agneaux qu’ils peuvent attraper, et les enlèvent en l’air ; on en a vu emporter jusqu’à de jeunes enfants. Aussi les montagnards font une chasse continuelle à ces bêtes malfaisantes : ils les poursuivent dans le creux des rochers ; ils luttent contre elles, et de jour en jour, aigles et ours deviennent plus rares.
— Je vois à présent, monsieur Gertal, que les montagnards sont bien braves. Aussi, j’aime les montagnards ; mais je voudrais savoir si, dans leur pays, en Suisse et en Savoie, on sait