Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/98

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un homme avisé et instruit : il a été élevé dans une de nos grandes fermes-écoles, celle de la Saussaye, qui n’est pas loin d’ici. Il connaît ce que réclame l’hygiène de l’habitation ; aussi a-t-il eu soin de creuser la fosse à fumier loin de la maison ; dans une autre fosse, couverte et cimentée, se rend, par des canaux, le purin des étables, le plus précieux des engrais. Chaque jour on conduit dans les prairies quelques tonneaux de ce purin étendu d’eau, qui sert à les arroser ; il suffit à lui seul à fumer un hectare entier.

On entra dans la ferme, et Julien, tout en souhaitant le bonjour à la fermière, s’émerveilla de trouver la maison si claire et si gaie. Par deux fenêtres ouvertes au sud, les rayons du soleil pénétraient librement dans la pièce.

— Vois, dit M. Gertal, la lumière entre à plein ici. Autrefois, il n’y avait qu’une fenêtre au nord ; elle a été murée, et le fermier en a percé deux autres au midi.

— C’est donc malsain, les fenêtres au nord, M. Gertal ?

— Ce qui est malsain, Julien, ce sont les maisons froides et humides, et elles sont plus malsaines encore pour le travailleur que pour tout autre : quand il a sué et peiné au grand soleil, s’il rentre dans une maison fraîche, il se refroidit brusquement et s’expose aux fluxions de poitrine ou aux douleurs. Or une maison est toujours froide, humide et sombre, quand elle n’a d’ouverture que par le nord. Celle-là était ainsi naguère, et encore les fermiers n’ouvraient même pas la seule fenêtre qui pût leur donner de l’air ; à présent le soleil éclaire, réchauffe et dessèche la maison. En hiver, chacun s’en réjouit ; en été, la vigne, qui s’avance en tonnelle au-dessus des fenêtres et de la porte fait un peu d’ombre qui agrée. Avec la lumière et le bon air, c’est la santé qui entre dans une maison.



XLIII. — Une ferme bien tenue (suite). — La porcherie et le poulailler.


Dans la culture, le travail n’est pas tout ; il faut l’intelligence.


Tandis que la fermière allait choisir les volailles au poulailler, M. Gertal continua de faire avec nos amis le tour de la ferme. On visita les étables spacieuses ; on admira l’écurie proprement tenue. En passant devant la porcherie, où dormaient de beaux porcs de Bresse, race perfectionnée, Julien