Page:G. Scudéry - Arminius ou les Frères ennemis - 1644.djvu/100

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TRAGI-COMÉDIE.
Souffrir qu’Arminius vienne en ses pavillons !
Le souffrir, et le voir, entre nos bataillons !
Endurer qu’il me brave ! Endurer qu’il m’outrage !
Mépriser mes conseils ! Estimer son courage !
Le voir ! Le caresser ! Loin de me secourir !
Ô ciel ! Dans mon dépit, c’est assez pour mourir !
CECINA.
Le désir de la paix…
SEGESTE.
Le désir de la paix…ô l’apparence vaine !
Le désir de la paix, dans une âme romaine !
Au désir de la paix, vos cœurs seraient ouverts,
Vous qui portez la guerre, au bout de l’univers !
Vous dont l’ambition, sans borne et sans limite,
Trouve pour s’assouvir, la terre trop petite !
Vous qui plus loin qu’Hercule, avez porté vos pas,
Jusqu’au delà des mers qu’il ne traversa pas !
Et dont l’aigle superbe, en cherchant des couronnes,
Vola malgré ce dieu, par-dessus ses colonnes !
Non, si l’on voit à Rome, un temple de la paix,
Ce temple est inutile, on n’y pria jamais ;
Ne vous déguisez point, vous aimez trop la guerre ;
Et mon pays le sent, comme toute la terre.
CECINA.
Ha Segeste c’est trop ! Et vous vous oubliez !