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TRAGI-COMÉDIE.
Ou sont tant de serments, adorable infidèle ?
Ou cette passion, qu’on nommait immortelle ?
Vous me deviez aimer, jusques dans le tombeau ;
Vous disiez que l’amour n’a jamais qu’un flambeau ;
Qu’une seconde flamme, est un crime effroyable ;
Et vous m’abandonnez, volage, impitoyable !
Et vous abandonnez, ô douleurs ! ô transports !
À ce nouveau vainqueur, et l’esprit, et le corps !
Ha, ce penser me tue, et réveille ma rage !
Mais ainsi qu’un nocher, puisque j’ai fait naufrage,
Souffrez qu’ayant perdu des richesses sans prix,
Je tâche de sauver les restes du débris.
Je vous aime infidèle, aussi bien que constante ;
Je n’ai pas tout mon bien, mais mon cœur s’en contente ;
Et pourvu que le vôtre, enfin revienne à moi,
J’oublierai mes malheurs, et ce manque de foi.
HERCINIE.
Ha, n’attendrissez plus une âme infortunée,
Qui ne peut être à vous, puisqu’elle s’est donnée !
Songez que votre frère, en est le possesseur,
Et ne me regardez que comme votre sœur.
De l’hymen qui nous joint, la chaîne est éternelle,
Et la moindre pitié, deviendrait criminelle.
Non, n’espérez de moi, ni repos ni bonheur ;
Si j’ai beaucoup aimé, j’aime beaucoup l’honneur ;
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