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TRAGI-COMÉDIE.
Et voyant ce que souffre, une sainte amitié,
Au milieu de la haine, il en aurait pitié.
GERMANICUS.
Hélas je suis vaincu, si je vois cette flamme !
ARMINIUS.
Ha seigneur, séparer une âme de son âme !
Ajouter ce supplice, aux maux que j’ai souffert !
C’est m’arracher le cœur, c’est me mettre aux enfers.
Mais pour connaître mieux le mal qui m’assassine,
Figurez-vous seigneur, qu’on vous ôte Agripine ;
Qu’un barbare ennemi, l’enlève de ces lieux ;
L’arrache de vos bras, la dérobe à vos yeux ;
Et lors vous connaîtrez par votre expérience,
Et ma juste douleur, et mon impatience.
GERMANICUS.
Figurez-vous aussi, dans cette extrémité,

Il dit ceci à demi-bas.

Un empereur jaloux de son autorité ;
Et pour vous dire tout, un empereur sévère,
Qui veut qu’on le redoute, autant qu’on le révère,
Dont l’esprit ombrageux, défiant, et cruel,
M’observe en sa rigueur, d’un soin continuel ;
Qui sachant que mon rang, m’approche de l’empire,
Croit que sa mort est juste, et que je la désire ;