Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/174

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procureur. On me contraindra, paraît-il, à rendre des comptes, comme si j’en tenais ! C’est une horreur ! Ah ! Si cette petite Claire avait bon cœur, elle prendrait bien gentiment le voile dans quelque couvent. Je me saignerais aux quatre veines pour faire la dot nécessaire. Mais elle n’a aucune affection pour moi.

M. Daburon comprit que le moment de parler était venu. Il rassembla tout son courage, comme un cavalier rassemble son cheval au moment de lui faire franchir un fossé, et d’une voix assez ferme, il commença :

— Eh bien ! madame la marquise, je connais, je crois, un parti pour mademoiselle Claire. Je sais un honnête homme qui l’aime et qui ferait tout au monde pour la rendre heureuse.

— Ça, dit madame d’Arlange, c’est toujours sous-entendu.

— L’homme dont je vous parle, continua le juge, est encore jeune et riche. Il serait trop heureux de recevoir mademoiselle Claire sans dot. Non-seulement il ne vous demanderait pas de comptes, mais il vous supplierait de disposer de votre bien à votre guise.

— Peste ! Daburon mon ami, vous n’êtes point une bête, vous ! exclama la vieille dame.

— S’il vous en coûtait de placer votre fortune en viager, ajouta le magistrat, votre gendre vous