Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/24

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beaucoup entendu parler de lui, je ne serai pas fâché de le voir à l’œuvre.

Lecoq sortit en courant, Gévrol était sérieusement humilié.

— Monsieur le juge d’instruction, commença-t-il, a bien le droit de demander les services de qui bon lui semble ; cependant…

— Ne nous fâchons pas, M. Gévrol, interrompit M. Daburon. Ce n’est point d’hier que je vous connais, je sais ce que vous valez ; seulement aujourd’hui, nous différons complètement d’opinion. Vous tenez absolument à votre homme brun, et moi, je suis convaincu que vous n’êtes pas sur la voie.

— Je crois que j’ai raison, répondit le chef de la sûreté, et j’espère bien le prouver. Je trouverai le gredin, quel qu’il soit.

— Je ne demande pas mieux.

— Seulement que monsieur le juge me permette de donner un… comment dirais-je, sans manquer de respect ? un… conseil.

— Parlez.

— Eh bien ! j’engagerai monsieur le juge à se méfier du père Tabaret.

— Vraiment ! et pourquoi cela ?

— C’est que le bonhomme est trop passionné. Il fait de la police pour le succès, ni plus ni moins qu’un auteur. Et comme il est orgueilleux plus qu’un paon, il est sujet à s’emporter, à se monter le coup. Dès