Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/335

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Ces témoignages, M. Daburon avait su les obtenir en moins de deux heures.

Bien qu’ayant la conscience de l’importance de leurs paroles, tous ces valets avaient la langue extrêmement déliée. Le difficile était de les arrêter une fois lancés. Et pourtant, de tout ce qu’ils disaient, il ressortait clairement qu’Albert était un très-bon maître, facile à servir, bienveillant et poli pour ses gens. Chose étrange, incroyable ! il s’en trouva trois dans le nombre qui avaient l’air de n’être pas ravis du grand malheur qui frappait la famille. Deux étaient sérieusement attristés. M. Lubin, ayant été l’objet de bontés particulières, n’était pas de ces derniers.

Le tour du commissaire de police était arrivé. En deux mots il rendit compte de l’arrestation déjà racontée par le père Tabaret. Il n’oublia pas de signaler ce mot : « Perdu ! » échappé à Albert ; à son sens, c’était un aveu. Il fit ensuite la remise de tous les objets saisis chez le vicomte de Commarin.

Le juge d’instruction examina attentivement tous ces objets, les comparant soigneusement avec les pièces à conviction rapportées de la Jonchère.

Il parut alors plus satisfait qu’il ne l’avait été de la journée.

Lui-même il déposa sur son bureau toutes ces preuves matérielles, et pour les cacher, il jeta dessus trois ou quatre de ces immenses feuilles de pa-