Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/373

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Presque tous avaient le costume de leurs attributions ; un jeune palefrenier même était accouru avec ses sabots pleins de paille, jurant dans cette entrée dallée de marbre comme un roquet galeux sur un tapis des Gobelins. L’un de ces messieurs avait reconnu Noël pour le visiteur du dimanche et c’en était assez pour mettre le feu à toutes ces curiosités altérées de scandale.

Depuis le matin, d’ailleurs, l’événement survenu à l’hôtel Commarin faisait sur toute la rive gauche un tapage affreux. Mille versions circulaient, revues, corrigées et augmentées par la méchanceté et l’envie, les unes abominablement folles, les autres simplement idiotes. Vingt personnages, excessivement nobles et encore plus fiers, n’avaient pas dédaigné d’envoyer leur valet le plus intelligent pousser une petite visite aux gens du comte, à la seule fin d’apprendre quelque chose de positif. En somme, on ne savait rien, et cependant on savait tout.

Explique qui voudra le phénomène fréquent que voici : Un crime est commis, la justice arrive s’entourant de mystère, la police ignore encore à peu près tout, et déjà cependant des détails de la dernière exactitude courent les rues.

— Comme cela, disait un homme de la cuisine, ce grand brun avec des favoris serait le vrai fils du comte !

— Vous l’avez dit, répondait un des valets qui