Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/466

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la lettre jetée dans le poêle par Albert dans l’après-midi du mardi. Ce ne pouvait être que celle de la jeune fille. C’était donc à elle que s’appliquaient ces mots : « Elle ne saurait me résister. » Il comprit le mouvement et expliqua la phrase.

— Comprenez-vous, mademoiselle, demanda-t-il ensuite, que M. de Commarin ait laissé s’égarer la justice, m’ait exposé, moi, à une erreur déplorable, lorsqu’il était si simple de me dire tout cela !

— Il me semble, monsieur, qu’un honnête homme ne peut pas avouer qu’il a obtenu un rendez-vous d’une femme tant qu’il n’en a pas l’autorisation expresse. Il doit exposer sa vie plutôt que l’honneur de celle qui s’est confiée à lui. Mais croyez qu’Albert comptait sur moi.

Il n’y avait rien à redire à cela, et le sentiment exprimé par mademoiselle d’Arlange donnait un sens à une phrase de l’interrogatoire du prévenu.

— Ce n’est pas tout encore, mademoiselle, reprit le juge, tout ce que vous venez de me dire là, il faudra venir me le répéter dans mon cabinet, au Palais-de-Justice. Mon greffier écrira votre déposition et vous la signerez. Cette démarche vous sera pénible, mais c’est une formalité nécessaire.

— Eh ! monsieur, c’est avec joie que je m’y rendrai. Quel acte peut me coûter avec cette idée qu’il est en prison ? N’étais-je pas résolue à tout. Si on l’avait traduit en cour d’assises, j’y serais allée.