Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/49

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— J’allais solliciter cet honneur, répondit le bonhomme.

Ils sortirent ensemble, et naturellement le crime qui venait d’être découvert et qui les préoccupait également devint le sujet de la conversation.

— Saurons-nous ou ne saurons-nous pas les antécédents de cette vieille femme ? répétait le père Tabaret, tout est là désormais.

— Nous les connaîtrons, répondait le juge, si l’épicière a dit vrai. Si le mari de la veuve Lerouge a navigué, si son fils Jacques est embarqué, le ministère de la marine nous aura vite donné les éléments qui nous manquent. J’écrirai ce soir même.

Ils arrivèrent à la station de Rueil et prirent le chemin de fer. Le hasard les servit bien. Ils se trouvèrent seuls dans un compartiment de premières.

Mais le père Tabaret ne causait plus. Il réfléchissait, il cherchait, il combinait, et sur sa physionomie on pouvait suivre le travail de sa pensée. Le juge le considérait curieusement, intrigué par le caractère de ce singulier bonhomme, qu’une passion, pour le moins originale, mettait au service de la rue de Jérusalem.

— M. Tabaret, lui demanda-t-il brusquement, y a-t-il longtemps, dites-moi, que vous faites de la police ?

— Neuf ans, monsieur le juge, neuf ans passés,