Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/76

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troubles et confuses se heurtaient dans son cerveau.

— Voyons, mon enfant, dit-il, remettez-vous. Est-ce que la calomnie prendrait jamais sur vous ! Du courage, tonnerre ! n’avez-vous pas des amis ? Ne suis-je pas là ? Ayez confiance, confiez-moi le sujet de votre chagrin, et c’est bien le diable si, à nous deux…

L’avocat se leva brusquement, enflammé d’une résolution soudaine.

— Eh bien ! oui, interrompit-il, oui, vous saurez tout. Au fait, je suis las de porter seul un secret qui m’étouffe. Le rôle que je me suis imposé m’excède et m’indigne. J’ai besoin d’un ami qui me console. Il me faut un conseiller dont la voix m’encourage, car on est mauvais juge dans sa propre cause, et ce crime me plonge dans un abîme d’hésitations.

— Vous savez, répondit simplement le père Tabaret, que je suis tout à vous comme si vous étiez mon propre fils. Disposez de moi sans scrupule.

— Sachez donc, commença l’avocat… Mais non ! pas ici. Je ne veux pas qu’on puisse écouter ; passons dans mon cabinet.