Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/124

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besoin de personne. Qu’on me paie seulement mon dû et je suis content.

— Oui, je sais, on me l’a dit, vos affaires vont bien, vous devez être satisfait.

La parole de M. Plantat était devenue amicale, presque paternelle. Il s’intéressait fort, on le voyait, à la prospérité de maître Robelot.

— Satisfait ! reprit le rebouteux, pas tant que monsieur le juge de paix le croit. La vie est bien chère, pour le pauvre monde, puis il y a ces rentrées, ces maudites rentrées qui ne se font pas.

— Cependant, c’est bien vous qui avez acheté le pré Morin, au bas de la côte d’Évry.

— Oui, monsieur.

— Il est bon, le pré Morin, bien qu’un peu humide. Heureusement vous avez de la pierraille dans les pièces de terre que vous a vendues la veuve Frapesle.

Jamais le rebouteux n’avait vu le juge de paix si causeur, si bon enfant, et il ne se lassait pas que d’être un peu surpris.

— Trois méchantes pièces de terre, fit-il.

— Pas si mauvaises que vous dites. Puis, n’avez-vous pas aussi acheté quelque chose à la licitation des mineurs Peyron ?

— Un lopin de rien du tout.

— C’est vrai, mais payé comptant. Vous voyez bien que le métier de médecin sans diplôme n’est pas si mauvais.

Poursuivi plusieurs fois déjà pour exercice illégal de la médecine, maître Robelot crut devoir protester.

— Si je guéris les gens, affirma-t-il, je ne me fais pas payer.

— C’est donc, continua le père Plantat, votre commerce d’herboristerie qui vous enrichit ?

Décidément, la conversation tournait à l’interrogatoire, le rebouteux devenait inquiet.

— Je gagne passablement avec les herbes, répondit-il.