Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/141

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lontaires d’une exacte, minutieuse, et je dirai plus, patiente perquisition.

Tout semblait, n’est-il pas vrai, mis au pillage au hasard ; on avait brisé à coups de hache des meubles qu’on pouvait ouvrir avec la main, on avait enfoncé des tiroirs qui n’étaient pas fermés ou dont la clé était à la serrure, était-ce de la folie ? Non. Car, en réalité, il n’est pas un seul endroit pouvant recéler une lettre qui n’ait été visité. Les tiroirs de divers petits meubles avaient été jetés çà et là, mais les espaces étroits qui existent entre la rainure des tiroirs et le corps du meuble avaient été examinés, et j’en ai eu la preuve en relevant des empreintes de doigts sur la poussière qui s’amasse toujours en ces endroits. Les livres gisaient à terre pêle-mêle, mais tous avaient été secoués, et quelques-uns avec une telle violence que la reliure était arrachée. Nous avons retrouvé toutes les planches de cheminée en place, mais toutes avaient été soulevées. On n’a pas haché les fauteuils de coups d’épée pour le seul plaisir de déchirer les étoffes, on sondait ainsi les sièges.

La certitude promptement acquise d’une perquisition acharnée, fit d’abord hésiter mes soupçons.

Je me disais, d’un côté : les malfaiteurs ont cherché l’argent qui avait été caché, donc ils n’étaient pas de la maison.

— Mais, observa le docteur, on peut être d’une maison et ignorer la cachette des valeurs, ainsi Guespin…

— Permettez, interrompit M. Lecoq, je m’explique, d’un autre côté, je trouvais des indices tels que l’assassin ne pouvait être qu’une personne singulièrement liée avec Mme de Trémorel, comme son amant, ou son mari. Voilà quelles étaient alors mes idées.

— Et maintenant ?

— À cette heure, répondit l’agent, et avec la certitude qu’on a pu chercher autre chose que les valeurs, je ne suis pas fort éloigné de croire que le coupable est l’homme dont on cherche actuellement le cadavre, le comte Hector de Trémorel.