l’explication ou l’esquiver. Enfin, froissé du ton impérieux de Berthe, il répondit :
— Oui !
Cette réponse la foudroya. Jusqu’alors elle avait eu une lueur d’espoir. Elle pensait que, dans tous les cas, il chercherait à la rassurer, à la tromper. Il est des circonstances ou le mensonge est un suprême hommage. Mais non ; il avouait. Et elle restait anéantie, les expressions manquant à ses sensations.
Alors, Trémorel bien vite se mit à lui exposer les motifs de sa conduite.
Pouvait-il habiter éternellement le Valfeuillu ! Avec ses goûts et ses habitudes, que ferait-il de quinze mille livres de rentes ? À trente ans, il est temps ou jamais de songer à l’avenir. M. Courtois donnait un million à sa fille, et, à sa mort, on recueillerait une somme plus considérable encore. Fallait-il laisser échapper cette occasion unique. Certes, il se souciait fort peu de Laurence, la dot seule le décidait.
Et il se faisait ignoble et bas à plaisir, se calomniant, jurant que ce mariage n’était qu’une affaire, un marché qu’il échangeait simplement son nom et son titre contre de l’argent.
Berthe l’arrêta d’un regard écrasant de mépris.
— Épargnez-vous d’autres lâchetés, dit-elle, vous aimez Laurence.
Il voulut protester ; il se révoltait.
— Assez reprit Berthe. Une autre femme vous ferait des reproches, moi je vous déclare simplement que le mariage ne se fera pas ; je ne le veux pas. Croyez-moi, renoncez-y franchement, ne me forcez pas à agir.
Elle se retira, fermant la porte avec violence, laissant Hector furieux.
— Comme elle me traite, se disait-il. Une reine ne parlerait pas autrement à un manant qu’elle aurait élevé jusqu’à elle. Ah ! elle ne veut pas que j’épouse Laurence !…
Mais, avec le sang-froid, les réflexions les plus inquié-