Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/344

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— En effet, répondit M. Lecoq, puisque maintenant monsieur le juge pense comme moi qu’il est vivant…

— Je ne le crois pas, j’en suis sûr.

Et rapprochant son fauteuil de son bureau, M. Domini se mit à libeller cet acte terrible qui s’appelle un mandat d’arrêt.

« DE PAR LA LOI,
NOUS,

Juge d’instruction près le tribunal de première instance de l’arrondissement, etc… Vu les articles 91 et 94 du Code d’instruction criminelle,

Mandons et ordonnons, à tous agents de la force publique d’arrêter en se conformant à la loi, le nommé Hector de Trémorel, etc., etc. »

Lorsqu’il eut terminé :

— Tenez, dit-il, en remettant le mandat à M. Lecoq, et puissiez-vous réussir bientôt à retrouver ce grand coupable.

— Oh ! il le retrouvera, s’écria l’agent de Corbeil.

— Je l’espère, du moins. Quant à dire comment je m’y prendrai, je n’en sais rien encore, j’arrêterai mon plan de bataille cette nuit.

L’agent de la sûreté prit alors congé de M. Domini et se retira suivi du père Plantat. Le docteur Gendron restait avec le juge pour s’entendre au sujet de l’exhumation de Sauvresy.

M. Lecoq allait sortir du palais de justice, lorsqu’il se sentit tirer par la manche. Il se retourna, c’était l’agent de Corbeil qui venait lui demander sa protection, le conjurant de le prendre avec lui, persuadé qu’après avoir servi sous un si grand capitaine, il serait lui aussi très-fort. M. Lecoq eut bien du mal à s’en débarrasser.

Enfin, il se trouvait seul dans la rue avec le vieux juge de paix.

— Il se fait tard, lui dit le père Plantat, vous serait-il agréable de partager encore mon modeste dîner et d’accepter ma cordiale hospitalité ?