Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/361

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M. Lecoq, aussitôt, voulut rendre à son hôte la lettre que venait de lui remettre Goulard.

— Oh ! ouvrez-la, fit le juge de paix, il n’y a aucune indiscrétion…

— Soit, répondit l’agent de la sûreté, mais passons dans mon cabinet.

Et appelant Janouille :

— Tu vas, lui dit-il, faire déjeuner ce gaillard-là. As-tu mangé ce matin ?

— J’ai tué le ver, monsieur, simplement.

— Alors, donne un bon coup de dent en m’attendant, et bois une bouteille à ma santé.

Renfermé de nouveau dans son cabinet avec le père Plantat :

— Voyons un peu, fit l’agent de la sûreté, ce que nous dit le docteur.

Il brisa le cachet et lut :

« Mon cher Plantat,

Vous m’avez demandé une dépêche, autant vous griffonner en toute hâte une vingtaine de lignes que je vous fais porter chez notre sorcier… »

— Oh ! murmura M. Lecoq s’interrompant, M. Gendron est trop bon, trop indulgent, en vérité !

N’importe, le compliment lui allait au cœur. Il reprit :

« … Ce matin à trois heures, nous avons procédé à l’exhumation du corps de ce pauvre Sauvresy. Certes, plus que personne je déplore les circonstances affreuses de la mort de ce digne et excellent homme, mais d’un autre côté, je ne puis m’empêcher de me réjouir de cette occasion unique et admirable qui m’est offerte d’expérimenter sérieusement et de démontrer l’infaillibilité de mes papiers sensibilisés… »

— Maudits savants ! s’écria le père Plantat indigné, ils sont tous les mêmes.

— Pourquoi ? Je m’explique très-bien le sentiment in-