Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Que contient-il ?

— Un marteau, deux autres outils et encore un grand couteau.

L’innocence de Guespin était désormais évidente, toutes les prévisions de l’agent de la sûreté se réalisaient.

— Allons, fit le père Plantat, voilà notre client tiré d’affaire, reste à savoir…

Mais M. Lecoq l’interrompit. Il savait désormais tout ce qu’il désirait, Jenny n’avait plus rien à lui apprendre, il changea de ton subitement, quittant la voix de miel du galantin pour la voix sèche et brutale de l’homme de la préfecture.

— Ma belle enfant, dit-il à miss Fancy, vous venez en effet de sauver un innocent, mais ce que vous venez de me conter, il faut aller le répéter au juge d’instruction de Corbeil. Seulement comme vous pourriez vous égarer en route, je vais vous donner un guide.

Il alla à la fenêtre, l’ouvrit, et apercevant, sur le trottoir en face, l’agent de M. Domini, se souciant peu de compromettre Mme Charman, il cria à pleine voix :

— Goulard, eh ! Goulard, monte un peu ici.

Revenant alors à miss Fancy si troublée, si épouvantée, qu’elle n’osait ni questionner ni se mettre en colère :

— Dites-moi, lui demanda-t-il, combien Trémorel vous a payé le service que vous lui avez rendu ?

— Dix mille francs, monsieur, mais ils sont bien à moi, je vous jure, il me les promettait depuis longtemps pour me remettre à flot, il me les devait…

— C’est bon, c’est bon ! on ne vous les enlèvera pas.

Et lui montrant Goulard qui entrait :

— Vous allez, lui dit-il, conduire ce monsieur chez vous en sortant d’ici. Vous prendrez le paquet que vous a remis Guespin et vous partirez de suite pour Corbeil. Surtout, ajouta-t-il d’une voix terrible, pas d’enfantillage, ou gare à moi.

Au bruit qui se faisait dans le salon, Mme Charman arriva juste à temps pour voir sortir Fancy escortée de Goulard.