Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/76

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qu’on cherche à en réparer le désordre. Examinez celui-ci.

Il souleva le premier matelas et on vit en effet que la toile de l’autre était parfaitement tendue, on n’y découvrait aucun affaissement.

— Ah ! le second matelas, murmura M. Lecoq.

Et son nez pétilla, pour ainsi dire, au souvenir sans doute de quelque bonne histoire.

— Il me paraît prouvé, murmura le juge d’instruction, que M. de Trémorel n’était pas couché.

— De plus, ajouta le docteur Gendron, si on l’eût assassiné dans son lit, ses vêtements seraient restés sur quelque meuble.

— Sans compter, fit négligemment M. Lecoq, qu’on retrouverait sur les draps une goutte au moins de sang. Décidément, ces malfaiteurs-là ne sont pas forts.

Depuis un moment, les yeux du père Plantat cherchaient ceux du juge d’instruction. Lorsque leurs regards, à la fin, se rencontrèrent :

— Ce qui me paraît surprenant, à moi, dit le vieux juge de paix, donnant, par l’accentuation, une valeur particulière à chaque mot, c’est qu’on soit parvenu à tuer chez lui, autrement que pendant son sommeil, un homme jeune et vigoureux comme l’était le comte Hector.

— Et dans une maison pleine d’armes, appuya le docteur Gendron ; car le cabinet du comte est entièrement tapissé de fusils, d’épées, de couteaux de chasse ! C’est un véritable arsenal.

— Hélas ! soupira le bon M. Courtois, nous connaissons de pires catastrophes. L’audace des malfaiteurs croît en raison des convoitises de bien-être, de dépense, de luxe, des classes inférieures dans les grands centres. Il n’est pas de semaine où les journaux…

Il dut s’arrêter non sans un vif mécontentement ; on ne l’écoutait pas. On écoutait le père Plantat qu’il n’avait jamais vu si bavard, et qui poursuivait :

— Le bouleversement de la maison vous paraît in-