Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/96

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traduire l’impression du matin ? C’est ce que M. Lecoq ne put deviner.

— D’après nos calculs, monsieur, reprit-il, la comtesse n’a pas dû fuir. Elle a dû être apportée ici morte, ou la logique n’est pas la logique. Au surplus, examinons.

Il s’agenouilla alors, comme là haut, dans la chambre du second étage, et plus scrupuleusement encore, il étudia successivement le sable de l’allée, l’eau stagnante et les touffes de plantes aquatiques.

Puis, remontant un peu, il prit une pierre qu’il lança, s’approchant aussitôt pour voir l’effet produit par la vase.

Il regagna ensuite le perron de l’habitation et revint sous les saules en traversant le gazon où étaient encore, très-nettes et très-visibles, les traces d’un fardeau traîné relevées le matin.

Sans le moindre égard pour son pantalon, il traversa la pelouse à quatre pattes interrogeant les moindres brins d’herbe, écartant les touffes épaisses pour mieux voir le sol, observant minutieusement la direction des petites tiges brisées.

Cette inspection terminée :

— Nos déductions s’affirment, dit-il, on a apporté la comtesse ici.

— En êtes-vous bien certain ? demanda le père Plantat.

Il n’y avait pas à s’y tromper cette fois. Évidemment, sur ce point, le vieux juge était indécis, et il demandait une autre opinion que la sienne, fixant ses hésitations.

— Il n’y a pas d’erreur possible, répondit l’agent de la sûreté.

Et, souriant finement, il ajouta :

— Seulement, comme deux avis valent mieux qu’un, je vous demanderai, monsieur le juge, de m’écouter, vous me direz ce que vous pensez après.

Dans ses perquisitions, M. Lecoq avait trouvé à terre une petite baguette flexible, et tout en parlant, il s’en