Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/99

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C’est que ce n’est pas le cadavre d’un homme qui a été traîné à travers la pelouse, mais bien celui d’une femme tout habillée et dont les jupons étaient assez lourds, celui de la comtesse enfin, et non celui du comte.

M. Lecoq s’interrompit, attendant un éloge, une question, un mot.

Mais le vieux juge de paix n’avait plus l’air de l’écouter et paraissait plongé dans les calculs les plus abstraits.

La nuit tombait, un brouillard léger comme la fumée d’un feu de paille se balançait au-dessus de la Seine.

— Il faut rentrer, dit tout à coup le père Plantat, aller voir où le docteur en est de l’autopsie.

Et lentement, l’agent de police et lui, ils regagnèrent la maison.

Sur le perron, se tenait le juge d’instruction qui s’apprêtait à aller à leur rencontre.

Il tenait sous son bras sa grande serviette de chagrin violet, timbrée à ses initiales, et avait repris son léger pardessus d’orléans noir.

Il avait l’air satisfait.

— Je vais vous laisser le maître, monsieur le juge de paix, dit-il au père Plantat, il est indispensable, si je veux voir ce soir monsieur le procureur impérial, que je parte à l’instant. Déjà, ce matin, lorsque vous m’avez envoyé chercher, il était absent.

Le père Plantat s’inclina.

— Je vous serai fort obligé, continua M. Domini, de surveiller la fin de l’opération. Le docteur Gendron n’en a plus, vient-il de me dire, que pour quelques minutes, et j’aurai ses notes demain matin. Je compte sur votre bonne obligeance, pour mettre les scellés partout où besoin est, et aussi pour constituer des gardiens. Je me propose d’envoyer un architecte relever le plan exact de la maison et du jardin.

— Puis, remarqua le vieux juge de paix, il faudra, sans doute, un supplément d’instruction ?