Pendant que le cocher rassemblait ses guides, l’agent de la sûreté préparait ses jambes, et lorsque la voiture s’ébranla, en trois sauts il fut derrière, décidé à la suivre jusqu’au bout du monde.
Le fiacre remontait le boulevard de Sébastopol. Il allait bon train, mais ce n’est pas pour rien que Fanferlot a été surnommé l’Écureuil. Les coudes collés au corps, ménageant bien sa respiration, il se maintenait.
Pourtant, en arrivant au boulevard Saint-Denis, il commençait à s’essouffler, et il ressentait une légère douleur au côté, lorsque le fiacre, après avoir traversé la chaussée, s’engagea dans la rue du Faubourg-Saint-Martin.
Mais Fanferlot, qui à huit ans polissonnait librement sur le pavé de Paris, est un homme de ressources. Il s’accrocha aux ressorts de la voiture, se souleva à la force des poignets et se maintint suspendu, les jambes appuyées sur l’essieu des roues de derrière. Il n’était certes pas à son aise, mais il ne courait plus le risque d’être distancé.
— Maintenant, disait-il en riant dans sa fausse barbe, fouette cocher !
Le cocher fouettait, en effet, et c’est au grand trot qu’il monta la rampe assez rude de la rue du Faubourg-Saint-Martin.
Enfin, sur la place de l’ancienne barrière, le fiacre s’arrêta devant un marchand de vin, le cocher descendit de son siége et alla se faire servir un canon.
L’agent de la sûreté, lui, avait quitté son poste incommode, et, blotti dans l’encoignure d’une porte, il attendait à descendre le gros monsieur et Gypsy, prêt à s’élancer sur leurs traces.
Mais, au bout de cinq minutes, ils n’étaient pas encore descendus.
— Que font-ils donc ? pensa l’agent.
Il s’approcha, non sans précautions.
Ô déception ! la voiture était vide.
Ce fut comme un seau d’eau glacée tombant sur la