Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tête de Fanferlot ; il restait là, planté sur ses deux pieds, plus cristallisé que la femme de Loth.

Quand il se remit un peu, au bout de quelques secondes, ce fut pour lâcher une douzaine de jurons à faire trembler les vitres du quartier.

— Volé ! disait-il, joué, floué, collé, roulé… Ah ! ils me le payeront !

En un moment, son esprit agile parcourut la gamme des éventualités probables et improbables.

— Évidemment, murmurait-il, cet individu et Gypsy sont entrés par une portière et sortis par l’autre ; la manœuvre est élémentaire. Mais, s’ils l’ont employée, c’est qu’ils craignaient d’être suivis. S’ils craignaient d’être suivis, c’est qu’ils n’ont pas la conscience tranquille, donc…

Il interrompit son monologue parce que l’idée lui vint d’interroger le cocher, qui pouvait fort bien savoir quelque chose.

Malheureusement, ce cocher, qui était de fort mauvaise humeur, refusa de rien dire, et même agita son fouet d’une façon si peu rassurante, que Fanferlot jugea prudent de battre en retraite.

— Ah çà ! se disait-il, est-ce que le cocher en serait, lui aussi !…

Que faire cependant, à cette heure ? Il n’avait pas une idée. Tristement il reprit le chemin du quai Saint-Michel, et il était onze heures et demie au moins lorsqu’il sonna à sa porte.

— La petite est-elle rentrée ? demanda-t-il tout d’abord.

— Non, mais voici deux gros paquets apportés pour elle.

Lestement, avec une adresse supérieure, Fanferlot défit les paquets.

Les paquets renfermaient trois robes d’indienne, de gros souliers, des jupons très simples et des bonnets de linge.

L’agent ne put retenir un mouvement de dépit.