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— Je suis décidé, monsieur, prononça-t-il enfin, mon honneur est un dépôt sacré dont je dois compte à ma famille, je suis prêt à vous suivre jusqu’au bout, disposez de moi.

Ce jour-là même, Prosper, fidèle à sa parole, vendait son mobilier et adressait à ses amis une lettre où il annonçait son prochain départ pour San-Francisco.

Et le soir il s’installait, ainsi que M. Verduret, à l’hôtel du Grand-Archange.

Mme Alexandre lui avait donné sa plus jolie chambre, bien laide si on la comparait au salon si coquet de la rue Chaptal. Mais il n’était pas en état de faire cette différence. Étendu sur un méchant canapé, il repassait les événements de la journée, trouvant une âcre jouissance à son isolement.

Vers onze heures, se sentant la tête lourde, il voulut ouvrir la fenêtre ; le vent le contraignit à la refermer bien vite.

Mais une bouffée de tempête était entrée dans la chambre, les rideaux tremblaient, et au milieu de la pièce un léger débris de papier tourbillonnait.

Machinalement, Prosper ramassa ce papier et l’examina.

Il était couvert d’une écriture fine, l’écriture de Nina Gypsy, il n’y avait pas à s’y tromper.

— C’était un fragment d’une lettre déchirée, et si les phrases tronquées ne présentaient à l’esprit aucun sens satisfaisant, elles suffisaient pour égarer l’imagination dans le champ sans limites des possibilités.

Voici exactement ce fragment :

« … de M. Raoul, j’ai été bien imp

« … tramé contre lui, dont jamais

« … avertir Prosper et alors

« … meilleur ami, lui

« … main de mademoiselle Ma

Prosper ne dormit pas cette nuit-là.