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IX


Non loin du Palais-Royal, dans la rue Saint-Honoré, à l’enseigne de la Bonne foi, est un petit établissement, moitié café moitié débit de prunes, très-fréquenté par les employés du quartier.

C’est dans une des salles de cet estaminet modeste que le lendemain de sa mise en liberté, le vendredi, Prosper attendait M. Verduret, qui lui avait donné rendez-vous vers quatre heures.

Quatre heures sonnèrent ; M. Verduret, qui est la ponctualité même, parut. Il était plus rouge encore que la veille, et comme la veille il avait cet air admirable de parfait contentement de soi.

Dès que le garçon auquel il avait demandé une choppe se fut éloigné :

— Eh bien ! demanda-t-il à Prosper, toutes nos commissions sont-elles faites ?

— Oui, monsieur.

— Vous avez vu le costumier ?

— Je lui ai remis votre lettre. Tout ce que vous demandez vous sera apporté demain au Grand-Archange.

— Alors tout va bien, car je n’ai pas perdu mon temps, et j’apporte de grandes nouvelles.

Le débit de la Bonne foi est à peu près désert vers quatre heures. Le coup de feu du café du matin est passé, le moment de l’absinthe n’est pas arrivé encore : M. Verduret et Prosper pouvaient causer à l’aise, sans redouter l’oreille indiscrète des voisins.

M. Verduret avait sorti son calepin, ce calepin précieux qui, pareil aux livres enchantés des féeries, a une réponse pour toutes les questions.